La raison de cette surchauffe serait à chercher du côté des océans. «Les années 2023 et 2024 ont été marquées par des températures marines élevées, qui ont contribué à réchauffer les terres, indique Samantha Burgess, de l’ECMWF (Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme). Le phénomène El Niño, qui a connu son pic en décembre 2023, a joué un rôle dans cette situation. Mais même après que ses effets ont commencé à s’estomper, dans la deuxième partie de 2024, certaines régions des océans ont conservé des températures très élevées. Par ailleurs, l’El Niño que nous venons de traverser n’est pas le plus fort jamais enregistré. On ne peut donc pas lui attribuer entièrement le sursaut récent des températures.»
Outre la contribution d’El Niño, des scientifiques mettent en avant d’autres explications, notamment la réduction de la pollution des navires, dont les aérosols avaient tendance à rafraîchir l’atmosphère en réfléchissant une partie du rayonnement solaire. Une étude récente parue dans Science pointait, quant à elle, le rôle de la réduction de la couverture nuageuse à faible altitude observée dans certaines régions du globe. La question sous-jacente étant de savoir si on assiste actuellement à une accélération du changement climatique, à une fluctuation naturelle du système ou à une conjonction de différents facteurs.
L’année 2025 sera-t-elle moins extrême?
«Il faut souligner que les températures de ces dernières années étaient prévues par les modèles, même si elles correspondent à la fourchette haute en matière de températures, qui n’était pas perçue comme la plus probable, commente Sonia Seneviratne, climatologue à l’EPFZ. On ne peut pas vraiment s’en étonner, puisque les émissions anthropiques de gaz à effet de serre ne ralentissent pas.» Les concentrations en gaz à effet de serre ont en effet atteint un nouveau pic en 2024, avec 422 ppm de CO2 mesurés dans l’atmosphère, d’après les nouvelles données.
Les expertes et experts soulignent que le réchauffement a déjà de nombreux impacts. En 2024, la plupart des régions du monde ont connu une multiplication du nombre de jours de stress thermique, au cours desquels les conditions de température et d’humidité deviennent difficiles à supporter pour le corps humain. La quantité de vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère a par ailleurs atteint des niveaux record en 2024, ce qui a contribué à accroître l’intensité des épisodes de pluie intense.
Quant à savoir ce à quoi il faut s’attendre en 2025, «la réponse viendra des océans, qu’il faudra suivre de près dans les mois à venir, estime Samantha Burgess. La bonne nouvelle, c’est qu’en décembre nous avons commencé à mesurer une baisse plus marquée de leurs températures.» La scientifique estime que la nouvelle année se situera probablement dans le top 3 des plus chaudes, mais sera peut-être un peu moins extrême que 2024.