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L’ouragan Helene, qui avait occasionné d’importants dégâts aux Etats-Unis en septembre 2024, a été intensifié par le réchauffement climatique.

L’ouragan Helene, qui avait occasionné d’importants dégâts aux Etats-Unis en septembre 2024, a été intensifié par le réchauffement climatique. Photo: Imago

Climat et énergie

En graphiques: l’année climatique 2024 confirme son caractère hors du commun

L’année qui vient de s’écouler a été la plus chaude jamais enregistrée, avec une température globale de plus de 1,6 °C par rapport à la moyenne préindustrielle, d’après de nouvelles données. Le phénomène «El Niño» n’explique qu’une partie de cette surchauffe.

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En graphiques: l’année climatique 2024 confirme son caractère hors du commun

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  • 2024 a été confirmée comme l'année la plus chaude, avec un réchauffement de plus de 1,5 °C.
  • Surchauffe due aux températures élevées des océans et à la réduction de la pollution par les navires.
  • Attentes pour 2025 avec surveillance des températures des océans et prévisions d'une année moins extrême.

De nombreuses études le laissaient déjà supposer, c’est désormais confirmé: 2024 a bel et bien été l’année la plus chaude jamais enregistrée, et la première à dépasser 1,5 °C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle. C’est ce qu’ont annoncé vendredi 10 janvier le service européen Copernicus, l’Organisation météorologique mondiale, la NOAA américaine et d’autres institutions météorologiques prestigieuses, qui se sont associés pour la première fois pour publier leurs données de manière concertée, une manière de souligner le caractère exceptionnel de l’année qui vient de s’écouler.

«L’année 2024 a été marquée par un réchauffement global de l’ordre de 1,6 °C par rapport à la période de 1850 à 1900. La majeure partie de cette augmentation s’est produite au cours des dernières décennies; la température globale enregistrée l’an passé se situe à 0,7 °C au-dessus de la moyenne des années 1991 à 2020», a indiqué le scientifique de la Commission européenne Mauro Facchini, lors d’une conférence de presse.

Le réchauffement est environ deux fois plus rapide en Europe que dans le reste du monde. Le fait que la température globale dépasse pour la première fois le seuil de 1,5 °C, figurant dans l’Accord de Paris sur le climat de 2015, est jugé particulièrement préoccupant. L’accord se réfère cependant à ce seuil sur une moyenne de vingt ans et non sur une année ponctuelle, et n’est donc pas encore dépassé.

Deux années qui sortent du lot

Le début de l’année 2024 a été particulièrement chaud, chaque mois jusqu’à juin ayant battu des records. Si ce boom s’est ensuite apaisé, les températures sont néanmoins restées hautes tout au long de l’année. La journée la plus chaude jamais mesurée sur Terre s’est d’ailleurs produite l’an passé, le 22 juillet 2024.

Dès lors, il est devenu clair que 2024 serait une année record. Elle a finalement surpassé 2023, qui se situait en tête des années les plus chaudes. Ces deux années sortent nettement du lot en matière de réchauffement, dans une décennie pourtant marquée par une forte élévation des températures – chaque année entre 2015 et 2024 se situe dans le top 10 des années les plus chaudes.

La raison de cette surchauffe serait à chercher du côté des océans. «Les années 2023 et 2024 ont été marquées par des températures marines élevées, qui ont contribué à réchauffer les terres, indique Samantha Burgess, de l’ECMWF (Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme). Le phénomène El Niño, qui a connu son pic en décembre 2023, a joué un rôle dans cette situation. Mais même après que ses effets ont commencé à s’estomper, dans la deuxième partie de 2024, certaines régions des océans ont conservé des températures très élevées. Par ailleurs, l’El Niño que nous venons de traverser n’est pas le plus fort jamais enregistré. On ne peut donc pas lui attribuer entièrement le sursaut récent des températures.»

Outre la contribution d’El Niño, des scientifiques mettent en avant d’autres explications, notamment la réduction de la pollution des navires, dont les aérosols avaient tendance à rafraîchir l’atmosphère en réfléchissant une partie du rayonnement solaire. Une étude récente parue dans Science pointait, quant à elle, le rôle de la réduction de la couverture nuageuse à faible altitude observée dans certaines régions du globe. La question sous-jacente étant de savoir si on assiste actuellement à une accélération du changement climatique, à une fluctuation naturelle du système ou à une conjonction de différents facteurs.

L’année 2025 sera-t-elle moins extrême?

«Il faut souligner que les températures de ces dernières années étaient prévues par les modèles, même si elles correspondent à la fourchette haute en matière de températures, qui n’était pas perçue comme la plus probable, commente Sonia Seneviratne, climatologue à l’EPFZ. On ne peut pas vraiment s’en étonner, puisque les émissions anthropiques de gaz à effet de serre ne ralentissent pas.» Les concentrations en gaz à effet de serre ont en effet atteint un nouveau pic en 2024, avec 422 ppm de CO2 mesurés dans l’atmosphère, d’après les nouvelles données.

Les expertes et experts soulignent que le réchauffement a déjà de nombreux impacts. En 2024, la plupart des régions du monde ont connu une multiplication du nombre de jours de stress thermique, au cours desquels les conditions de température et d’humidité deviennent difficiles à supporter pour le corps humain. La quantité de vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère a par ailleurs atteint des niveaux record en 2024, ce qui a contribué à accroître l’intensité des épisodes de pluie intense.

Quant à savoir ce à quoi il faut s’attendre en 2025, «la réponse viendra des océans, qu’il faudra suivre de près dans les mois à venir, estime Samantha Burgess. La bonne nouvelle, c’est qu’en décembre nous avons commencé à mesurer une baisse plus marquée de leurs températures.» La scientifique estime que la nouvelle année se situera probablement dans le top 3 des plus chaudes, mais sera peut-être un peu moins extrême que 2024.

Pascaline Minet, Denis Delbecq, «Le Temps» (10.01.2025)

Sustainable Switzerland publie ici des contenus de Le Temps.

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