À une époque où la pollution et la raréfaction des ressources se retrouvent au coeur de l’actualité, l’économie circulaire a le vent en poupe. Les spécialistes sont unanimes: pour passer d’une économie linéaire à une économie circulaire, les consommateurs et consommatrices ont un rôle à jouer, au même titre que les acteurs et actrices politiques et économiques. En prenant des décisions d’achat éclairées, nous pouvons réduire notre empreinte écologique, mais aussi inciter les entreprises à changer leur façon de penser.
Déduire des stratégies
Pour prendre des décisions éclairées, encore faut-il disposer d’informations fiables. Stefanie Hellweg, professeure en conception des systèmes écologiques à l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ), et son équipe de l’Institut d’ingénierie environnementale élaborent des instruments et des méthodes qui permettent d’évaluer avec précision les produits, les technologies et les modèles de consommation. Pour cela, ils utilisent des modèles qui décrivent l’impact environnemental des émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation quotidienne.
Mais de quoi s’agit-il, exactement? «En termes simples, nous montrons et mesurons l’impact du comportement humain sur l’environnement», explique la Prof. Hellweg. En dépit de la complexité du réel, les acteurs et actrices économiques et politiques, mais aussi les citoyens et citoyennes, peuvent utiliser ces résultats pour mettre au point des stratégies ou prendre des mesures concrètes qui contribuent à minimiser l’impact écologique.
Présenter les options
Il ne s’agit pas de savoir si la transition vers une consommation durable des ressources et une production verte est nécessaire, mais comment y parvenir. Et à cet effet, mieux vaut s’atteler à cette tâche dès aujourd’hui plutôt qu’attendre demain. Les travaux de l’ETHZ portent principalement sur les matières premières, leur production et leur utilisation, ainsi que sur l’économie circulaire, notamment à travers une analyse des avantages et des effets des cycles de matériaux.
Il s’agit d’analyser les alternatives et de présenter des options respectueuses de l’environnement. On peut toutefois douter que cela suffise à faire évoluer les mentalités dans des cercles plus larges. Il faut mettre en place d’autres systèmes d’incitation, que ce soit sous la forme de dispositions légales ou de subventions pour les nouvelles technologies. «L’abandon des habitudes de production et de consommation entraînera des changements radicaux pour chaque individu», explique Stefanie Hellweg (voir l’entretien). «Mais en prenant conscience de l’impact écologique de nos actions, nous pourrons mieux jouer notre rôle dans les défis qui nous attendent.»
Tenir compte du contexte
Les scientifiques utilisent des sources de données, comme l’enquête fédérale sur le budget des ménages, et les associent à l’apprentissage automatique pour identifier des modèles de consommation. Ces derniers sont ensuite évalués en fonction de leur impact sur l’environnement, de manière à distinguer les comportements respectueux des comportements nuisibles pour l’environnement.
Dans la pratique, les outils développés par la Prof. Hellweg et ses collègues sont utilisés pour quantifier l’impact environnemental des profils de consommation et des produits d’usage courant. Pour ces derniers, cela peut prendre la forme de labels qui serviront de référence aux commerçants et commerçantes, ainsi qu’aux consommateurs et consommatrices. Un produit de consommation à fort impact environnemental est étiqueté et quantifié sur la base de faits et pourra, dans le meilleur des cas, être écarté en faveur d’un choix alternatif moins impactant sur le plan écologique.
Les logements et les infrastructures bâties jouent aussi un rôle très important, notamment sur le long terme. Les bâtiments contribuent de manière significative aux émissions climatiques, non seulement pendant leur fonctionnement, à travers le chauffage fossile, mais aussi par la production de matériaux de construction et les émissions qui en résultent.
L’équipe de l’ETHZ étudie les moyens de réduire l’impact des bâtiments et des infrastructures sur le climat. Une fois encore, il s’agit d’examiner la situation dans son ensemble, explique la Prof. Hellweg. La construction en bois permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux autres matériaux. Mais s’il s’agit de bois importé, son utilisation peut avoir un impact négatif sur la biodiversité en fonction de l’origine des essences et du mode d’exploitation forestière. Il ne faut jamais négliger les liens de cause à effet, selon la Prof. Hellweg, «que ce soit à grande ou à petite échelle».