Il ne fait aucun doute que les entreprises subissent la pression des objectifs climatiques adoptés dans le monde entier. En témoigne l’évolution dynamique observée du côté des législateurs. Les exigences réglementaires augmentent considérablement pour les entreprises suisses et étrangères.
Fondamentalement, le but est partout le même: le conseil d’administration et la direction doivent agir, protéger leur entreprise contre les risques climatiques et l’adapter à une économie climatiquement neutre. Face au changement climatique, les entreprises sont confrontées à deux défis: d’une part, elles sont exposées à des risques climatiques tels que les catastrophes naturelles («perspective outside-in»).
D’autre part, les entreprises ont elles-mêmes un impact sur le changement climatique du fait de leurs propres activités («perspective inside-out»), ce qui peut présenter des opportunités, mais aussi d’importants risques financiers. Ce type d’informations sur les grandes entreprises a longtemps manqué en Suisse. Cela change.
Des règles uniformes
Avec la contre-proposition à l’initiative «Entreprises responsables», de nouvelles obligations de diligence raisonnable et de reporting ont été adoptées en Suisse pour les entreprises à partir d’une certaine taille, ce qui inclut de nombreuses banques et assurances. Le contenu porte sur les questions environnementales, sociales et de travail – et bien sûr sur le climat (art. 964a–964c, Code des obligations). Le contenu des rapports climatiques exigés a été détaillé par le Conseil fédéral dans une ordonnance qui entrera en vigueur le 1er janvier 2024.
Les recommandations 2017 internationalement reconnues de la Task Force on Climate-Related Financial Disclosures (TCFD) ont été déclarées exécutoires. Le but du législateur était de poser des règles «uniformes, fiables et tournées vers l’avenir», explique Xenia Karametaxas, Policy Advisor section Finance durable au Département fédéral des finances (DFF) à Berne. En effet, des rapports climatiques parlants et comparables apportent de la sécurité juridique et plus de transparence dans le secteur financier, réduisent les coûts de transaction pour les investissements et facilitent également la levée de capitaux sur le marché.
Autrement dit, les investisseurs et les marchés doivent savoir ce qui les attend dans une entreprise. Mais les recommandations de la TCFD sont ardues. Il n’est donc jamais trop tôt pour commencer à traiter cette question dans les sociétés concernées, estime Kay Schwarzer, expert Banking Consulting chez Swisscom. Swisscom aide ses clients à mettre en oeuvre une gestion des risques climatiques conforme à la TCFD et à gérer les données nécessaires. Les premiers rapports pour l’exercice 2024 seront soumis aux assemblées générales pour approbation en 2025. Au moins l’ordonnance explique-t-elle aux entreprises ce qui les attend.
Quatre chantiers à la fois
Les règles de la TCFD couvrent la gestion concrète des risques climatiques, mais aussi les thèmes de la gouvernance, de la stratégie et des grandeurs. Dans le pire des cas, les entreprises doivent donc mener quatre chantiers en même temps. Consolation: la création de rapports est un processus. Les entreprises peuvent s’améliorer d’année en année, par exemple en réduisant les émissions de CO2.
La gestion proactive des risques climatiques est cependant d’une importance capitale: il convient d’identifier les risques liés au climat, puis de les quantifier en termes de ventes et de coûts d’exploitation, de capital, d’investissement et de personnel. La TCFD distingue les risques physiques aigus ou permanents, tels que les canicules ou les inondations, et les «risques de transition», également liés au climat. Il s’agit par exemple des coûts énergétiques, des nouvelles lois, de la perte d’image ou du changement de comportement des consommateurs.