Pour mettre en œuvre la stratégie énergétique de la Confédération, il faudrait installer une nouvelle éolienne tous les deux mois, au plus tard à partir de 2030. Faisable? Notre voisin du nord en est la preuve. «En Allemagne, l’énergie éolienne est déjà très utilisée. En 2020, le Land du Bade-Wurtemberg, directement limitrophe de la Suisse, avait déjà mis en service autant d’éoliennes que celles que la Suisse souhaite installer d’ici 2050», explique Markus Geissmann, responsable de l’éolien à l’Office fédéral de l’énergie (OFEN).
Un cauchemar bureaucratique
Pour garantir la sécurité de l’approvisionnement à long terme, il convient de développer à temps l’infrastructure des énergies renouvelables. Comme le montre une étude du Boston Consulting Group (BCG) commanditée par Sustainable Switzerland, d’ici 2030, la demande en électricité augmentera de près d’un tiers. Si l’on calcule les investissements supplémentaires nécessaires à la mise à niveau du secteur de l’énergie, cela représente 49 milliards de francs. Une grande partie de ces investissements sera alors consacrée à la construction d’installations photovoltaïques. La raison: les autres sources d’énergies renouvelables impliquent d’énormes obstacles à surmonter. En ce qui concerne l’énergie hydraulique, la capacité est déjà exploitée à 95 %, selon le BCG. Et bien que l’énergie éolienne dispose d’un grand potentiel en comparaison, sa mise en œuvre s’avère extrêmement compliquée sur le plan bureaucratique.
Sur cet aspect, SuisseEnergie constate que: «La construction d’un parc éolien n’est pas un processus rapide et simple. De l’idée initiale à la mise en œuvre, un parc éolien doit surmonter plusieurs obstacles et répondre à des normes élevées. La Confédération fixe les objectifs. Les cantons définissent les sites dans leurs plans directeurs. La Confédération doit les approuver. Les services cantonaux spécialisés doivent examiner de près la compatibilité environnementale d’un parc éolien et l’approuver. Au final, c’est la commune qui décide de l’octroi du permis de construire pour les éoliennes. Ce long processus permet de s’assurer que chaque éolienne respecte toutes les réglementations et que l’ensemble des intérêts seront pris en compte.»
Conséquence de la lourdeur des procédures d’autorisation, il faut compter environ 15 ans avant de pouvoir installer une éolienne dans notre pays. En dépit de l’immense potentiel de l’énergie éolienne entre octobre et mars, en particulier dans les régions montagneuses, la mise en œuvre de l’infrastructure s’avère très coûteuse. C’est pourtant pendant les mois d’hiver que l’on pourrait produire l’énergie que le photovoltaïque ne peut fournir pendant la même période. Il s’agit de la raison principale pour laquelle il faut importer beaucoup d’énergie, surtout pendant la saison froide. Cependant, en raison des retards dans les procédures d’autorisation, les autorités fédérales prévoient que le développement des installations éoliennes n’augmentera pas de manière significative avant douze ans.