Si nous voulons atteindre l’objectif net zéro d’ici à 2050, il faudra considérablement réduire nos émissions mondiales de carbone dans les années à venir. Or, celles-ci ne cessent d’augmenter. Nous devons donc explorer des voies innovantes, au-delà des approches éprouvées. Ceci vaut notamment pour l’industrie automobile. Dans ce secteur, les efforts de durabilité des constructeurs se traduisent surtout par un développement massif de l’électromobilité, qui permet de réaliser des réductions de carbone considérables.
Toutefois, un levier important de la lutte contre le changement climatique, sous-estimé jusqu’à présent, réside dans les matières premières et, plus précisément, dans les matières premières secondaires. En effet, tout ce qui peut être recyclé et réutilisé n’aura pas besoin d’être extrait de nouveau, au prix de ressources énergétiques et d’émissions de carbone. Par exemple, la production d’aluminium à partir de matériaux recyclés génère jusqu’à 95% d’émissions de carbone en moins. Nous pouvons également réaliser des économies significatives avec l’acier, le cuivre ou les matières plastiques. Le traitement des matériaux de valeur issus de véhicules en fin de vie, de batteries usagées ou de résidus de production constitue un pilier de la mobilité durable.
Dans le centre de recyclage et de démontage («Recycling & Demontage Zentrum», RDZ) du groupe BMW à Munich, cette démarche est déjà à l’oeuvre depuis plus de 30 ans. Les processus et les méthodes qui y sont analysés et développés visent à démonter les anciens véhicules de manière efficace, afin de récupérer leurs matériaux recyclables. Loin de garder cette vaste expertise accumulée du recyclage pour lui-même, le groupe BMW la partage avec quelque 3 000 entreprises de recyclage du monde entier avec pour ambition de faire progresser les méthodes de recyclage au niveau mondial et de développer de nouveaux véhicules.
Les entreprises de recyclage accèdent aux données à ce sujet via la plateforme gratuite IDIS («International Dismantling Information System»). Le RDZ a participé activement à la mise en oeuvre de cette base de données commune, aujourd’hui utilisée par quelque 3 000 entreprises de 32 pays.
Un démontage systématique
Selon l’Office fédéral de l’environnement, rien qu’en Suisse, environ 200 000 véhicules sont retirés de la circulation chaque année. Les véhicules accidentés ou en fin de vie sont systématiquement démontés afin d’en récupérer les matières premières de valeur. En 2022, selon l’Office fédéral de la statistique (OFS), le taux de recyclage des véhicules hors d’usage dans notre pays s’élevait à un peu plus de 95% du poids total d’un véhicule. Une part importante de ces déchets sont des métaux, tels que l’acier, l’aluminium et le cuivre, qui sont retraités dans des fonderies.
Dans l’idéal, les entreprises de recyclage de voitures retirent dans un premier temps tous les liquides des véhicules, les pneus et la batterie. Ensuite, ils démontent des pièces réutilisables qui sont réintroduites dans le circuit économique sous forme de pièces de rechange. Une fois le véhicule déclassé, il passe dans la presse pour le transport et ensuite dans le broyeur.
Les matières premières sont réintroduites dans la production de véhicules et d’autres produits via des fonderies. Ce qui reste est utilisé dans des installations de valorisation thermique pour produire de l’énergie thermique et donc de l’électricité et du chauffage urbain.
Les batteries haute tension
Les batteries haute tension des véhicules électriques offrent un exemple éloquent des progrès réalisés dans le recyclage des véhicules. Dans le cadre d’un partenariat à long terme avec SK tes, spécialiste de la technologie du cycle de vie, le groupe BMW a récemment introduit un nouveau procédé de recyclage en Europe. Les batteries haute tension hors d’usage issues du développement, de la production et de l’exploitation commerciale sont collectées et remises à SK tes. Elles sont d’abord soumises à un broyage mécanique. Leurs composants valorisables sont ensuite récupérés par hydrométallurgie. Le nickel, le cobalt et le lithium sont ainsi réutilisés comme matières premières secondaires, notamment dans le développement des nouvelles générations de moteurs.
D’ici à 2026, les batteries haute tension seront également recyclées en circuit fermé aux États-Unis et au Mexique. Les dernières connaissances acquises grâce à ces projets de recyclage profitent aux départements de développement qui les utilisent dans la planification de nouvelles voitures. Le choix des composants et de matériaux a une influence décisive sur la capacité de recyclage ultérieure d’un véhicule. Le groupe BMW appelle ce principe «Re:Think, Re:Duce, Re:Use et Re:Cycle». L’objectif est d’atteindre une conception circulaire pour utiliser les véhicules en fin de vie comme source précieuse de matières premières dans de nouveaux modèles. L’utilisation de monomatériaux, plutôt que de matériaux composites, est décisive: elle simplifie le recyclage grâce à une plus grande pureté des sortes.
Le facteur temps
Le facteur temps joue également un rôle crucial dans le recyclage: plus une entreprise de recyclage peut démonter un produit rapidement en ses différents composants, plus la récupération des matières premières secondaires sera rentable. Il convient donc de développer des méthodes pour démonter facilement les composants et séparer les matériaux. Plutôt que de recourir au collage, les nouveaux procédés misent sur des assemblages innovants, optimisés pour le recyclage. Depuis sa création, le RDZ donne des impulsions importantes aux nouveaux modèles de véhicules, aux nouveaux matériaux et aux nouvelles technologies — en misant toujours clairement sur le recyclage. Avec l’essor de l’électromobilité, le RDZ continue de développer ses compétences dans le recyclage des véhicules. À une époque où l’économie circulaire prend de l’importance dans l’industrie automobile, les connaissances du RDZ deviennent de plus en plus pertinentes.