Parés contre la chaleur? Paris à 50 degrés

Les propriétaires d’appartements doivent également agir. La ville a mis en place un programme pour aider à la ré- novation écologique. «Nous prévoyons que d’ici à 2030, il fera aussi chaud à Pa- ris qu’à Séville, en Espagne, avec des températures avoisinant les 50 degrés. La ville doit s’adapter», explique Dan Lert, adjoint à la maire en charge de la transi- tion écologique et du plan climat. 

Toitures mal isolées

En été, l’essentiel de la chaleur de la ville est emmagasiné par les toits. À Pa- ris, près de 80% des toits de bâtiments sont en zinc et en ardoise et la plupart ne sont pas isolés. Ce paysage de toi- tures mansardées et grises résulte des prescriptions stylistiques de l’urbaniste George Eugène Haussman, qui mo- dernisa Paris il y a 170 ans. La tôle en zinc convient particulièrement aux sec- tions plates, l’ardoise aux sections pen- tues. De nouvelles feuilles de zinc, de couleur plus claire, réfléchiraient envi- ron 50% du rayonnement solaire. Elles se réchauffent vite, mais se refroidissent également, à condition que le toit soit bien isolé et ventilé. 

Un cinquième de tous les bâtiments de Paris ont été construits après la Se- conde Guerre mondiale. Une grande partie d’entre eux sont encore moins bien isolés que les bâtiments hauss- manniens. Anciens ou nouveaux, près d’un million de logements privés pari- siens font partie d’une copropriété. Ac- tuellement, environ 2000 logements pri- vés sont rénovés chaque année. L’objec- tif est de passer à 40 000. Par ailleurs, la ville veut diviser la consommation d’énergie des logements par deux. 

En 2023, le conseil municipal a éga- lement adopté un nouveau plan d’occu- pation des sols dit «bioclimatique». Tout nouveau projet de construction doit également donner naissance à un îlot de fraîcheur. Et comme les arbres sont reconnus comme le meilleur remède contre la chaleur, Paris bénéficiera de 300 hectares supplémentaires d’espaces verts, même si la recherche d’espaces libres s’avère laborieuse. La ville démi- néralisera en priorité les cours d’école, les places et les rues et elle agrandira les parcs existants. La maire Anne Hidalgo souhaite planter 170 000 arbres avant la fin de son mandat et créer de véritables «forêts urbaines». La première forêt de ce genre a été plantée récemment sur une place du quartier de Montparnasse. L’asphalte nu a cédé place à 470 arbres serrés les uns contre les autres. «Dans ce petit bois doté d’une clairière, il fera quatre degrés de moins qu’à l’extérieur», promet Mme Hidalgo. Tangui Le Dan- tec, enseignant en génie environnemen- tal et en écologie appliquée, se montre plus sceptique: «L’écosystème complexe de la forêt ne fonctionne pas sur com- mande. Les arbres ont beaucoup trop peu de terre: ils vont dépérir. L’installa- tion n’a rien de commun avec l’écosys- tème complexe d’une forêt, sa faune et sa flore variées.» 

De manière beaucoup plus urgente, la ville souhaite établir une liste de tous les lieux susceptibles de servir de refuge et d’îlot de fraîcheur, de crainte que la cha- leur en juillet et août ne devienne insup- portable, au moment où Paris s’apprête à accueillir les Jeux olympiques et ses 15 millions de visiteurs.