Une longueur d'avance: Hubert Hecht mise sur la construction avec du bois suisse durable. Photo: Olivier Messerli
L'étude «Swiss Sustainability Gap 2024» montre que le thème de la durabilité est déjà bien ancré dans les stratégies des entreprises suisses. La mise en œuvre exige surtout un effort des PME. L'exemple de l'entreprise Hecht Holzbau montre ce qui est important dans ce domaine.
7 Min. • • Martina Schäfer, Sustainable Switzerland Editorial Team
Quel est le degré de durabilité des entreprises suisses? La réponse est donnée par l'étude «Swiss Sustainability Gap 2024», réalisée pour la première fois à l'échelle nationale à la demande de La Mobilière. L'institut de recherche économique BAK Economics a interrogé environ 1800 entreprises sur leur orientation en matière de durabilité dans les dimensions écologique, sociale et de gouvernance. 96% des entreprises étaient des PME, conformément à leur importance significative pour l'économie suisse.
Le Swiss Sustainability Gap mesure la différence entre la prise en compte possible et effective du développement durable dans la stratégie et les activités opérationnelles des entreprises sur une échelle de 0 à 100. A 100, les thèmes de durabilité ne sont pris en compte ni au niveau stratégique, ni au niveau opérationnel, à 0, ils sont entièrement mis en œuvre. Les principaux résultats:
En résumé, l'étude a révélé les points suivants: l'économie suisse est en bonne voie vers la durabilité, mais il y a encore de la marge, surtout en ce qui concerne les composantes écologiques. Les aspects sociaux, en revanche, se sont largement établis. Il n'y a guère de différences entre les secteurs. Et ce, bien que l'industrie et le bâtiment, qui ont tendance à consommer davantage de ressources, aient été légèrement surreprésentés dans l'enquête.
Parmi les PME du secteur de la construction, Hecht Holzbau à Sursee, emploie environ 50 personnes. Pour Hubert Hecht, qui dirige l'entreprise avec sa femme Anna Maria depuis 2008, la durabilité est essentielle. Comme en témoigne sa plus grande ambition: construire avec au moins 80% de bois suisse. «L'utilisation de bois suisse, là où il est transformé et utilisé, là où il a poussé, apporte une contribution importante à l'économie circulaire locale», explique Hecht. La demande a fortement augmenté, les projets sont devenus plus importants, alimentés par les débats sur la durabilité. C'est à la fois un avantage pour l'entreprise et un défi en termes d'approvisionnement, de qualité et de coûts.
La PME est également très avancée en matière de durabilité: sur le plan écologique, par exemple, elle mise sur les labels de durabilité et l'électricité d'origine hydraulique, les déchets sont réduits, les processus de production sont conçus de manière écologique et les transports inutiles sont évités. De plus, les employés se rendent au travail en grande partie en transports publics. Le papier a été supprimé il y a trois ans et remplacé par des documents numériques. Le cadeau offert au client est un véritable symbole de durabilité: un jeune plant de sapin symbolisant le cycle de la ressource bois, qui sera planté en commun.
Dans le cadre de la durabilité sociale, l'entreprise mise sur une culture d'entreprise partenariale et une gestion du personnel basée sur la convention collective de travail (CCT) élargie de la construction en bois. Une personne spécialement formée est responsable de la sécurité au travail et de la protection de la santé dans l'entreprise. Les collaborateurs sont soutenus, entre autres, dans le cadre de formations continues. Actuellement, dix apprentis travaillent dans l'entreprise. Mais il devient également plus difficile de trouver de la relève dans la construction en bois. De bonnes conditions de travail sont donc obligatoires.
«Lors des appels d'offres publics, nous sommes confrontés à des exigences élevées, notamment en matière de durabilité»
La mise en œuvre des principes de durabilité est souvent considérée comme économiquement rentable, selon un autre résultat de l'étude «Swiss Sustainability Gap 2024». Cela vaut en particulier pour la durabilité sociale, mais aussi pour les composantes écologiques telles que l'efficacité énergétique. Pour Hubert Hecht, investir dans la durabilité est aussi une question de stratégie pour être compétitif. «Lors des appels d'offres publics, nous sommes confrontés à des exigences élevées, notamment en ce qui concerne le critère de durabilité». Il faut pouvoir présenter des certificats et un concept de gestion environnementale et documenter les efforts en matière de gestion durable de l'entreprise. En même temps, cela ne doit pas se répercuter sur le prix. C'est pourquoi Hecht estime que le législateur a un devoir à remplir: «les exigences pour les entreprises doivent rester réalistes et aussi simples que possible, et les processus rapides, afin que nous puissions mettre en œuvre les projets en temps voulu».
Donner le bon exemple
A quel niveau la durabilité est-elle mise en avant dans les entreprises? Environ un cinquième d'entre elles indiquent dans l'étude employer une personne responsable des questions de durabilité. Ce chiffre est de 19,1% pour les petites entreprises, de 34,9% pour les moyennes et de 67,2% pour les grandes – ce qui indique que de nombreuses PME manquent de capacités ou de structures. Chez Hecht Holzbau, la durabilité est l’affaire des dirigeants. La direction, composée de quatre personnes, met le sujet sur la table chaque mois. «Nous nous demandons toujours ce que nous pouvons faire de mieux ou de différent», dit Hubert Hecht. Pour lui, il est important de ne pas seulement parler, mais aussi de mettre en œuvre et de montrer l'exemple. «Ainsi, les plus jeunes en voient l'utilité et poursuivent notre chemin».
Cette voie vers l'avenir n'est pas encore clairement envisagée par de nombreuses entreprises. Dans l'étude, l'objectif zéro net pour 2050 n'est considéré comme réalisable que par environ 35%. Hecht, en revanche, est optimiste pour son entreprise: «nous avons toujours obtenu ce que nous voulions. Nous pouvons le faire».
Plus d'informations sur l’étude.
«Nous accompagnons et soutenons les PME dans leur démarche».
L'étude «Swiss Sustainability Gap 2024» montre quels sont les défis auxquels les entreprises sont confrontées et où les PME en particulier ont encore besoin de soutien.
Martina Marchesi, vous êtes responsable du développement durable à La Mobilière. Quel est le principal enseignement que vous tirez de cette étude?
La durabilité est entrée dans les mœurs des entreprises. De nombreux aspects sont déjà pertinents aujourd'hui pour le succès de l'entreprise. Par exemple, lorsqu'il s'agit de la compétitivité ou de l'attractivité en tant qu'employeur. Mais il y a encore un grand potentiel de développement.
Où voyez-vous les raisons pour lesquelles les PME sont moins avancées que les grandes entreprises en matière de durabilité?
Ce thème est en concurrence avec de nombreux autres sujets urgents, par exemple la numérisation, la pénurie de main-d'œuvre qualifiée ou l'inflation. Autre raison: les lois telles que la loi sur la protection de l'environnement ou la loi sur le travail, ainsi que la récente loi sur le climat et l'innovation, sont pertinentes pour les PME. En revanche, les grandes entreprises doivent satisfaire à des exigences légales supplémentaires en matière de durabilité.
Pourquoi le sujet est-il malgré tout urgent pour les PME?
Les PME font souvent partie de la chaîne d'approvisionnement d'entreprises plus grandes ou internationales. Dans ce rôle, elles sont tenues de présenter leurs performances en matière de durabilité, avec un bilan climatique et énergétique de l'entreprise, des chiffres clés sur les thèmes de l'employeur, des processus d'amélioration, etc. A cela s'ajoutent les exigences de durabilité des clients. Tout cela est complexe et mobilise des ressources. Afin d'aider les PME à fournir la preuve de leurs émissions de CO₂ et de simplifier les mesures de réduction, La Mobilière a lancé un «gestionnaire de CO₂».
Comment une PME peut-elle devenir plus durable?
Dans l'étude, nous constatons que de nombreuses PME se préoccupent déjà de la durabilité au niveau stratégique. C'est positif. Tous les aspects de la durabilité n'ont pas la même importance pour chaque entreprise. Il est donc judicieux de commencer par identifier les thèmes pertinents. Ensuite, des mesures appropriées sont déduites, placées sur un calendrier et mises en œuvre.
Faut-il avoir les moyens pour s'offrir la durabilité?
En pensant à court terme, on pourrait arriver à cette conclusion. Souvent, les mesures visant à une plus grande durabilité s'accompagnent d'un effort initial, mais réduisent également les coûts. Par exemple, l'investissement dans une gestion de la santé en entreprise est rentable, car l'absentéisme au travail diminue. A long terme, les investissements dans la durabilité sont payants, j'en suis convaincue.
Martina Marchesi, politologue et spécialiste de l'environnement, dirige l'équipe de développement durable de La Mobilière.
Déclaration: Ce contenu est réalisé par la rédaction de Sustainable Switzerland pour le compte de la Mobilière.
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