L’ordonnance relative au rapport sur les questions climatiques est entrée en vigueur le 1er janvier 2024. Cette loi à l’intitulé complexe fait partie du code des obligations et porte sur le contenu des rapports sur les questions non financières. Elle exige des sociétés suisses ouvertes au public qu’elles rendent compte de leur empreinte écologique. Les entreprises doivent faire preuve d’une plus grande transparence concernant les indicateurs environnementaux à l’aune desquels elles seront jugées à l’avenir, au même titre que le chiffre d’affaires, les bénéfices et les dividendes. Les obligations de publication complémentaires doivent inciter les entreprises à décarboner volontairement leurs bilans et à cesser leurs activités nuisibles pour le climat.
Excel et d’autres outils
Actuellement, l’obligation de rendre compte ne s’applique qu’aux grandes entreprises avec un chiffre d’affaires supérieur à 40 millions de francs, un bilan total supérieur à 20 millions de francs et plus de 500 personnes employées. Sont également concernées les petites entreprises qui font partie de la chaîne d’approvisionnement d’une entreprise soumise à l’obligation. En outre, un nouveau projet de loi devrait bientôt abaisser le seuil de cette obligation.
En attendant, les entreprises essaient désormais d’obtenir une vue d’ensemble de leurs facteurs d’impact sur le climat. Nombre d’entre elles n’en sont qu’à leurs balbutiements dans ce domaine. Cela se traduit notamment par la taille des secteurs de durabilité et les outils qu’elles utilisent pour collecter les paramètres. «En fait, de nombreux responsables travaillent encore sur Excel et saisissent manuellement les données pertinentes pour le rapport climatique», confirme Res Witschi, responsable de la numérisation durable chez Swisscom. Les informations sont souvent stockées de manière décentralisée. Ainsi, les collaboratrices et collaborateurs ont beaucoup de difficultés à accéder aux bons indicateurs. «Ce travail est souvent long et fastidieux», explique M. Witschi.
L’informatique joue un rôle primordial dans la collecte des données relatives à la responsabilité d’entreprise. «Au cours des deux dernières années, de nombreuses entreprises nous ont confirmé ce point lors de discussions lors d’interventions publiques», explique Marion Roeder, Business Development Data Driven Sustainability chez Swisscom.
Les arguments sont convaincants: dans les entreprises, l’informatique contrôle les flux de données et peut être mis à profit pour une analyse des chiffres relatifs à la durabilité. Par ailleurs, l’informatique met en place de nouvelles solutions logicielles dans les entreprises, y compris celles qui permettent de saisir les indicateurs de durabilité dans différents secteurs. Enfin, l’informatique joue un rôle d’innovation, par exemple lorsque les processus sont accélérés par l’intelligence artificielle ou l’Internet des objets.
Noch vor wenigen Jahren waren für Nachhaltigkeitsfragen selbst bei Swisscom nur wenige Mitarbeitende zuständig. Als im Rahmen einer Pensionierung die Organisation neu aufgestellt wurde, mussten informelle Informationspfade zeitnah durch klar definierte Wege ersetzt, wesentliche Datenquellen erschlossen und Verantwortlichkeiten neu vergeben werden. Es bestand das Risiko, dass die Berichterstattung sonst nicht mehr regulierungskonform gewesen wäre.
Il y a encore quelques années, les questions de durabilité étaient gérées par une poignée de personnes, même chez Swisscom. Lorsque l’organisation a été restructurée dans le cadre d’un départ à la retraite, il a fallu remplacer les circuits d’information informels par des chemins clairement définis, exploiter des sources de données essentielles et réattribuer les responsabilités. Dans le cas contraire, l’obligation de rendre compte risquait de ne pas être respectée.
«Les changements nécessaires n’ont pas été accueillis partout de la même manière, notamment parce que la compréhension globale faisait souvent défaut et que la répartition des rôles n’était pas clairement définie», explique Res Witschi. Les responsables n’avaient pas de base commune et ne parlaient pas le même langage. «Il a fallu beaucoup de travail, de communication, de patience et une stratégie claire pour aboutir à la situation actuelle », ajoute Mme Roeder.
Sans surprise, Swisscom recommande aux entreprises de réunir en amont toutes les parties prenantes autour d’une table, qu’elles soient issues du département informatique, des achats, du management, du contrôle de la gestion, voire du conseil d’administration. «La durabilité et les réglementations qui en découlent concernent l’organisation à tous ses niveaux », explique Mme Roeder.
Une valeur ajoutée
Face au défi de l’introduction d’un reporting moderne concernant la durabilité, Swisscom est en train de lancer sa propre Community. Le prestataire de services TIC a perçu un véritable besoin, tant dans les projets de ses clients et clientes que lors de nombreux salons. Certains groupes d’utilisateurs et d’utilisatrices échangent concernant l’introduction de solutions logicielles concrètes, comme le groupe d’utilisateurs Sweep de la startup logicielle du même nom. D’autres communautés, comme GreenBuzz Global, informent sur les réglementations en matière de durabilité et leurs conséquences, généralement à plus grande échelle. Mais il manque une communauté qui promeuve la collaboration entre le domaine de l’informatique et celui de la responsabilité d’entreprise. «Nous avons senti que nous pouvions apporter une plus-value aux entreprises, notamment parce que nous avons fait le chemin nous-mêmes et que nous sommes fortement intégrés dans le réseau d’entreprises suisses», explique Mme Roeder.
Début avril, la Community a été lancée sous une version bêta, avec des représentants et représentantes d’entreprises issus de différents secteurs tels que la construction d’installations, les assurances, les services publics, l’énergie, la production ou le secteur alimentaire. Lors de la première rencontre, il s’agissait principalement de tester le format, car la structure et le contenu devaient être entièrement adaptés aux besoins des parties prenantes.
À l’avenir, les réunions de la Community traiteront de deux à trois thèmes au maximum, proposés par des parties prenantes de l’informatique ou de la responsabilité des entreprises. Lors de séances en petits groupes, les parties prenantes approfondissent les discussions avec les autres membres de la Community et en compagnie de spécialistes. «Il s’agit d’entretiens qualitatifs. Les défis et les solutions doivent être discutés de manière ouverte, en suivant une certaine méthodologie », ajoute Mme Roeder. Ces échanges doivent se tenir trois à quatre fois par an, pendant environ trois heures sur le business campus de Swisscom, près de Hardbrücke à Zurich.
Des contacts passionnants
Le bilan de Tabea Brielmann, responsable du projet de développement durable chez DT Swiss, après le lancement de la version bêta: «L’échange avec des parties prenantes d’autres secteurs m’a donné de précieuses informations. Je constate que de nombreuses entreprises sont confrontées à des défis similaires. De plus, j’apprécie de pouvoir participer activement au développement du format. Je suis convaincue que l’ajout de spécialistes dans des domaines spécifiques aidera à nourrir les discussions de manière positive. » La Community a démarré à petite échelle en avril 2024 et pourra s’agrandir à l’avenir, la qualité devant toujours primer sur la quantité. «Nous priorisons le dialogue et l’échange d’expériences. Pour cela, il faut nécessairement trier les parties prenantes sur le volet», conclut Mme Roeder.
La Community s’adresse aux responsables d’entreprises qui ont déjà mis en oeuvre les premières étapes du reporting en matière de durabilité. Les parties prenantes doivent connaître les défis et les questions auxquels elles sont confrontées. Les membres de la Community doivent faire preuve d’un certain engagement. Pour le reste, les conditions sont relativement ouvertes.
«Aujourd’hui, de nombreuses parties prenantes sont proches de nous, d’une manière ou d’une autre. La Community n’a pas de but commercial et nous sommes ouverts à toutes les personnes susceptibles de nous aider à créer le lien entre informatique et durabilité», explique Mme Roeder. Ce n’est pas la taille ou la relation avec le client ou avec la cliente qui prime, mais plutôt l’expérience et l’initiative personnelle. Ainsi, au final, la durabilité et l’informatique dialoguent d’égal à égal.