Installation pilote à Zoug
Le prochain projet de la Coalition devrait voir le jour à environ 40 kilomètres au sud-ouest, dans le canton de Zoug. Sous réserve de financement suffisant, l’équipe de recherche du Domaine des EPF développe, en collaboration avec des partenaires industriels, une installation pilote pour le méthanol vert, une source d’énergie liquide et neutre pour le climat. «Une grande partie de la transition énergétique consistera à remplacer les combustibles fossiles par de l’électricité», explique Gianfranco Guidati de l’ETH. «Mais cela ne sera pas possible partout, notamment dans l’aviation ou certains domaines de l’industrie. Dans ces domaines, nous aurons toujours besoin de carburants liquides, mais produits sans émissions.» Le méthanol vert, produit à partir d’hydrogène et de CO₂, pourrait être la solution. L’hydrogène est obtenu par électrolyse, elle-même alimentée par l’énergie solaire. Le CO₂ proviendrait d’une station d’épuration située à proximité. Cette source d’énergie liquide est stockable et se transporte facilement, sans libérer de CO₂ fossile pendant la combustion du carburant. De plus, le méthanol peut être transformé en kérosène vert lors d’une étape ultérieure. «Dans notre installation pilote à Zoug, nous voulons montrer que ce processus fonctionne également en cas de fluctuation de l’alimentation électrique, un phénomène récurrent avec l’énergie solaire», explique M. Guidati. En effet, les processus chimiques préfèrent les processus stables. «L’équilibrage des fluctuations représente notre plus grand défi.»
Dans le canton de Zoug, l’équipe de recherche produit certes du méthanol, mais génèrent surtout des connaissances. Elle souhaite désormais optimiser le processus et permettre aux entreprises suisses de se familiariser avec cette technologie. «La production industrielle devra être réalisée ailleurs», explique M. Guidati. En effet, cela nécessiterait des installations solaires d’une taille impossible à réaliser en Suisse. «Mais la technologie et les entreprises qui la fournissent pourraient venir de Suisse.»
Trous profonds, grandes idées
L’utilisation du méthanol vert ouvre de nouvelles possibilités, notamment en matière d’émissions dites négatives. «Le CO₂ ne provient pas de sources fossiles. On pourrait donc le filtrer dans l’air évacué après combustion et le ,stocker durablement sous terre», explique M. Guidati. Cela permettrait de réduire activement la teneur en CO₂ de l’atmosphère. C’est précisément l’objet des recherches de Stefan Wiemer, sismologue à l’ETH. À Trüllikon, dans le Weinland zurichois, il étudie comment le CO₂ peut être stocké durablement dans les couches rocheuses profondes. Le trou de forage existe déjà. Créé à l’origine par la Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs (Nagra) en vue d’explorer d’éventuels site de dépôt définitif, il est utilisé aujourd’hui à des fins de recherche. L’équipe de Stefan Wiemer scrute le sous-sol à l’aide d’ondes sismiques et de capteurs ultrasensibles à la recherche d’une double couche géologique: en bas, une roche poreuse susceptible d’absorber le CO₂; en haut, une couche d’argile dense qui le retient comme un couvercle. Une fois que le lieu de stockage est considéré comme sûr, respectueux de l’environnement et techniquement réalisable, les essais pourront commencer. Les premières molécules de CO₂ pourraient disparaître dans les profondeurs dès 2026, et y rester à jamais.