Une solution a également été trouvée pour les profits financiers qui pourraient résulter de la recherche en eaux profondes: des paiements compensatoires aux pays en développement doivent empêcher que les bénéfices ne reviennent exclusivement aux pays industrialisés, leaders dans le domaine de la recherche. Les chercheurs placent notamment des espoirs dans l'étude du patrimoine génétique d'êtres vivants inconnus vivant en eaux profondes et qui pourrait donner lieu à des avancées en médecine.
Comment l'accord est-il mis en œuvre ?
Le texte de l'accord est prêt, sa traduction dans les langues officielles et sa publication ne sont plus qu'une formalité. Il sera ensuite formellement adopté par l'ONU et ratifiée par les Etats membres.
L'accord n'est qu'une amorce, a déclaré Stefan Hain du Centre Helmholtz pour la recherche polaire et marine. «Le vrai travail commence seulement maintenant». Il faudrait tout d'abord créer le cadre juridique et administratif nécessaire à sa mise en œuvre, tant au niveau de l'ONU que des Etats membres. De plus, la mise en œuvre doit être coordonnée avec les traités régionaux et internationaux existants, comme le Traité sur l'Antarctique ou les réglementations sur la pêche.
Selon Fabienne McLellan, directrice de l'organisation Ocean Care, les conditions d'examen strictes pour les projets en haute mer sont un instrument qui pourrait être mis en œuvre rapidement, contrairement aux zones protégées dont la délimitation prend plusieurs années. Les conditions de contrôle montrent que l'accord a des «dents», a-t-elle déclaré à la radio SRF.
Une autre question importante doit être résolue dans les prochains jours lors d'une réunion de l'Autorité internationale des fonds marins en Jamaïque: des règles pour l'exploitation minière en eaux profondes doivent y être élaborées.
Comment se sont déroulées les négociations ?
Il y a quinze ans, l'ONU a décidé de négocier un accord. Depuis 2018, de nombreuses conférences ont été organisées pour parvenir à un accord, et en août encore, une négociation a dû être ajournée sans résultat. Samedi soir, après quarante heures de négociations, les négociateurs se sont mis d'accord sur un texte commun, pas encore publié. L'accord conclu juste avant lors d'une autre conférence Notre Océan à Panama a joué un rôle important à cet égard: les participants y avaient promis un peu plus de 18 milliards de francs pour la protection des mers.
La controverse portait surtout sur la manière de décider quelles zones seraient placées sous protection spéciale. Selon des sources diplomatiques citées par l'agence de presse allemande, ce sont surtout la Chine et la Russie qui ont insisté sur le fait que le principe de l'unanimité devait s'appliquer ici. Cela aurait permis à certains pays de bloquer la désignation de zones protégées. Or, il semblerait qu'une majorité des trois quarts soit désormais suffisante.
Quelles ont été les réactions ?
Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a salué l'accord comme une «étape importante dans la protection de nos océans». La Commission européenne a parlé d'un «moment historique». La Suède, qui assure actuellement la présidence du Conseil de l'UE et a donc joué un rôle important dans les négociations, a qualifié l'accord de «plus important accord international depuis l'accord de Paris sur le climat de 2015».
Les défenseurs de l'environnement ont également évalué l'accord de manière positive: l'experte en protection marine Karoline Schacht, de l'organisation environnementale WWF, a souligné auprès de l'agence DPA que la communauté internationale avait surmonté d'importantes divergences d'opinion en faveur de la nature. Comme les représentants de Greenpeace, elle a insisté sur la nécessité d'une mise en œuvre rapide. Selon McLellan d'Ocean Care, l'accord reflète le consensus minimal et il est loin des nombreuses promesses des années précédentes. Néanmoins, les mesures de protection des océans seraient renforcées.