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Zwei Plastikflaschen

Photo d’illustration: Imago

Société

Le «polluant éternel» TFA s’immisce aussi dans nos bouteilles d’eau minérale

En Suisse, des bouteilles d’eau minérale naturelle sont contaminées par l’acide trifluoroacétique (TFA) dans des concentrations potentiellement préoccupantes, révèle la RTS. Les législations avancent lentement, et en ordre dispersé.

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Le «polluant éternel» TFA s’immisce aussi dans nos bouteilles d’eau minérale

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  • La molécule synthétique TFA, qui appartient à la famille des PFAS et qui affecte la qualité de l'eau, a été détectée dans de nombreuses eaux minérales suisses, en particulier à proximité des terres agricoles.
  • Bien que les concentrations de TFA dans les eaux minérales suisses soient inférieures aux seuils de toxicité, il n'existe pas de limite maximale légale.
  • Les effets des AGT sur la santé, le foie et la reproduction ont été peu étudiés jusqu'à présent ; les ONG demandent une réglementation plus stricte.

TFA. Trois lettres qui renferment une menace pour nos ressources en eau. L’acide trifluoroacétique – molécule de synthèse qui nuit à la potabilité – fait partie de la grande famille des PFAS. Il est le plus souvent produit lors de la dégradation de pesticides. En Suisse, le TFA est présent partout dans les eaux souterraines, mais des valeurs notablement élevées sont enregistrées à proximité des terres cultivées, d’après l’Office fédéral de l’environnement.

Or une nouvelle enquête de la RTS montre que ces molécules se sont frayé un chemin jusque dans nos bouteilles d’eau. Sur 13 bouteilles vendues à large échelle en Suisse romande, et analysées par le Service des eaux de la ville de Lausanne, dix d’entre elles sont concernées, révélait mercredi l’émission On en parle. Seules les eaux minérales Cristallo, Denner et Saskia se situent en dessous du seuil de quantification du laboratoire de 0,1 microgramme par litre pour l’eau potable.

En deçà des seuils toxiques

Six échantillons dépassent ce seuil; l’eau minérale Aproz, avec 0,2 microgramme par litre, suivie de San Pellegrino et M-Budget avec 0,3 microgramme. Swiss Alpina, Valser et Prix garantie contiennent, quant à elles, 0,4 microgramme par litre. Le record revient à Henniez, avec un total de 0,8 microgramme par litre. Les industriels se sont défendus de toute inquiétude excessive, en insistant sur le fait que les concentrations de TFA dans l’eau minérale se trouvent bien en deçà des seuils considérés comme dangereux pour la santé humaine.

La situation suisse n’est pas sans rappeler celle de la France, où deux campagnes de mesures, rendues publiques ce jeudi, ont révélé une contamination massive de l’eau potable par le TFA. Conduites par l’association de consommateurs UFC-Que choisir, l’ONG Générations futures et par le laboratoire d’analyse Eurofins, ces analyses ont indiqué que, sur 30 communes étudiées, 24 avaient des polluants éternels dans leur eau du robinet.

Celle de Moussac, dans le département du Gard, arrive en tête du classement avec pas moins de 13 microgrammes de TFA par litre d’eau. «Rien de très surprenant», nuance toutefois Le Monde, «la commune étant proche de Salindres, où une usine du groupe Solvay a produit du TFA jusqu’en septembre 2024». L’an passé, le réseau Pesticide Action Network (PAN) Europe, dont fait partie Générations futures, avait déjà révélé qu’une grande partie de l’eau potable et des eaux en bouteille européennes contenaient du TFA.

Absence de valeur limite en Suisse

Aujourd’hui, les risques du TFA pour la santé humaine restent peu connus, et sa réglementation progresse plus lentement que celle d’autres micropolluants, comme les produits de dégradation du chlorothalonil. Les ONG estiment que des zones d’ombre subsistent pourtant sur sa toxicité, notamment pour le foie et la reproduction, même si le TFA n’est pas aussi dangereux que d’autres PFAS comme les PFOS, interdits en Europe depuis plusieurs années.

Il n’existe pour l’heure pas de norme légale concernant les résidus de TFA dans l’eau en Suisse. L’Office fédéral allemand de l’environnement a choisi une valeur limite haute, à 60 microgrammes par litre, mise en avant par les distributeurs d’eau minérale suisses pour rassurer les consommateurs. Les ONG militent, quant à elles, pour un seuil plus strict.

Au niveau européen, la valeur maximale cumulée dans l’eau destinée à la consommation humaine de 20 PFAS, ce qui est jugé particulièrement préoccupant, a été fixée à 0,1 microgramme par litre. Elle doit entrer en vigueur l’an prochain. En France, bien que le TFA soit considéré comme un «métabolite pertinent» en raison de sa toxicité pour le développement, la Direction générale de la santé a choisi de ne pas retenir cette norme de qualité, mais d’adopter la valeur sanitaire moins stricte proposée par l’Allemagne, rappelle Le Monde.

Eva Lombardo, «Le Temps» (23.01.2025)

Sustainable Switzerland publie ici des contenus de Le Temps.

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